Je pourrais commencer par vous donner une définition du genre, mais il est tellement confus que cela serait impossible et manquerait de rigueur. Cette confusion n’est pas liée au hasard, d’où mon titre. En effet, le genre est un terme apolitique – je le démontrerai dans cet article- et signe la mort du féminisme, ainsi que la pérennité du système phallocrate.
Le succès des Gender Studies, des Queers Studies et toutes les autres dévotions au genre est lié à une simplification dangereuse de la pensée postmoderniste. Celle-ci serait anti-essentialiste. On ne sait par quelle manœuvre l’essentialisme est devenu une insulte, plus qu’une pensée à combattre. Aussi, lorsque l’on parle des femmes comme catégorie politique, le féminisme radical est targué d’essentialisme. Or, en abandonnant la catégorie femme, on abandonne toute possibilité d’examiner et de lutter contre la suprématie masculine, absente de toute analyse postmoderniste, et pour cause. Le cheval de bataille du féminisme libéral, réformiste et queer étant l’identité, le sempiternel débat nature/culture, tout le système de domination masculine est occulté. Voilà ce qui explique ce dégoût face à l’essentialisme, les deux positions ne remettant pas le moins du monde en cause l’ordre phallocrate.[1] Face au déterminisme naturel, nous observons alors un déterminisme social émergé de la pensée Queers.
Les féministes radicales aux Etats-Unis distinguent ainsi l’essentialisme biologique « biology essentialism » du « gender essentialism » prôné par les libéraux. En fait, les Queers considérant qu’il n’existe aucune alternative politique hors des rapports de pouvoirs constituant une société, nous pouvons seulement envisager de recycler les déchets phallocrates. Les rapports de pouvoir sont dès lors acceptés comme faisant partie de notre identité : les dominées embrassent leur propre domination et valoriser la domination, revient à accorder de la dignité aux dominées. Ceci est la rhétorique des groupes « pro-sex ». Ce n’est évidemment que pure idéalisme, dans le sens où cette rhétorique est complice de la suprématie masculine. Si les dominées veulent ou désirent être dominées (cette phrase est féministement bizarre, phallocratement correcte) il n’y a bien entendu aucun système contre lequel lutter. Cette opération est dans l’intérêt des hommes bien évidemment, elle est pure individualisme ce qui ne permet pas d’entrevoir les mécanismes de la domination. Comme l’explique Denise Thompson : « L’idéologie du désire, est aussi une idéologie individualiste. Si l’on doit faire passer les intérêts de la classe dominante comme étant dans l’intérêt de toutes, leur fonction systémique de domination doit être déguisée »[2] .
L’invention du genre est souvent cataloguée comme la trouvaille du siècle, une arme théorique de destruction massive contre les antiféministes et conservateurs. Or plus qu’autre chose, le genre maintien le statu quo et masque la domination masculine, l’oppression phallocrate : pour les violences patriarcales, les féminicides on parlera de « violence de genre », de « rapports de genre ». Les seuls qui sortent indemnes de tout ceci sont les hommes, demi-dieux, et ceci au risque de faire passer les femmes pour des victimes (selon les gender-dévôts et les bien-pensant-e-s, allergiques au féminisme « victimaire » que serait le féminisme radical). Et au passage, quelle naïveté de croire que l’antiféminisme est réservé à la droite ! Si les courants de pensée phallocrates, c’est-à-dire tous, étaient féministes, par définition, cela se saurait.
En conséquence, pour démontrer dans cet article que le genre est proprement inutile à la pensée féministe, et plus encore conduit à sa destruction, on précisera l’aspect apolitique du genre, un aspect apolitique qui n’est pourtant pas dénué d’idéologie phallocrate et enfin l’arnaque que celui-ci représente puisque loin d’être une théorie de la liberté (au sens où elle théoriserait l’émergence du sujet responsable et autonome), le genre aboutit à la légitimation du droit du plus fort, considéré comme intrinsèque à l’individu et donc inévitable.
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La nature étant souvent un prétexte pour justifier la subordination des femmes, le genre quant à lui « déconstruirait » ce mythe, et désignerait alors le « sexe social ». « Le genre précède le sexe » nous dit-on. Mais le féminisme étant déjà une analyse de la domination masculine, autrement dit, il situe le problème dans le politique et le social, à quoi sert le genre ? Car il faut faire preuve de logique : si le genre est social, le sexe reste biologique comme il l’a toujours été !
Or on voit bien ce qui se dessine ici : les sexes sont tous deux constitués par le genre, par conséquent on ne peut parler de suprématie masculine. Les rapports de pouvoir sont masqués. En effet, le féminisme radical parle de « fonction sexuée », ce qui indique qu’il existe un système de domination en place, dont les intérêts d’un sexe- les hommes- sont assurés par la subordination d’un autre : les femmes. C’est le « sexe » qui est une construction sociale et politique : « Utiliser un terme différent, ‘le genre’, pour indiquer la construction sociale, implique que le sexe est quelque chose d’autre qu’une construction sociale » (Denise Thompson)[3].
Le problème ici est que l’on ne fait que corroborer les partisans du naturalisme phallocrate : on situe la différence politique entre les femmes et les hommes dans la biologie. La distinction sexe/genre ne remet en aucun cas en cause la dichotomie nature/culture, elle revient au même et plus encore, elle la renforce. La biologie n’est pas à l’origine de la subordination des femmes, ce qui reviendrait à dire que le problème vient d’elles : si elles sont opprimées, c’est parce qu’elles n’ont pas de pénis. Confirmant ainsi le système phallocrate : seuls les détenteurs du phallus peuvent avoir le statut d’être humain. Prenons l’exemple de la maternité : « Si la maternité est une condition nécessaire pour le maintien de la suprématie masculine, ce n’est pas parce qu’elle est la cause de ces relations sociales, mais parce que la maternité est ce qui est exigée si les hommes veulent continuer à astreindre de manière légitime, les femmes à une dévotion éperdue aux intérêts des hommes, leurs besoins, leurs projets et leurs désirs, et si les femmes sont supposées répondre à ces exigences » (Denise Thompson)[4].
En utilisant le concept de genre, on déculpabilise une fois de plus la classe des hommes. Ceci est une pure dépolitisation de la question des femmes. La biologie n’est pas le sujet du féminisme, si ce n’est l’organisation politique à l’origine de la subordination des femmes : le système phallocrate. Je le rappelle, la différence n’est qu’une stratégie pour subordonner les femmes, ce n’est pas la cause. Omettre cela, c’est ignorer la suprématie masculine : on ne sait pas qui fait quoi dans l’intérêt de quel groupe. Les seuls qui sortent indemnes de tout ceci, ce sont les hommes.
Il semble difficile d’envisager des actions politiques lorsque l’on se trouve dans un brouillard conceptuel comme celui-là.
Que veut dire le genre donc ? Si, comme le suggère Denise Thompson, « le ‘genre’ minimise le cercle vicieux sans pitié et sans compromis de la ‘domination masculine’ [et] donne l’impression d’avoir un sujet d’étude lorsqu’il permet en même temps aux vrais problèmes d’être éludés » ? Précisément à rien pour la pensée féministe, mais il est le pivot de l’antiféminisme et devient l’avatar de l’idéologie phallocrate.
La conséquence immédiate du genre est l’abandon de la catégorie femme, et pas tellement de la catégorie homme puisque leurs intérêts sont préservés.
En effet, dire qu’il y a un antagonisme de classe entre les femmes et les hommes reviendrait à naturaliser ces rapports. « Femme » et « Homme » sont deux catégories trop traditionnelles, proches des normes initiées par la suprématie masculine, alors on les abandonne. Pourtant, les abandonner ne suffit pas pour mettre fin au système phallocrate.
Ceci est aussi lié à une incompréhension du féminisme. Le sujet du féminisme n’est pas les femmes, mais la suprématie masculine. Les phallocrates parlent tout le temps des femmes, ils ne sont pas pour autant féministes ! En gardant à l’esprit le démantèlement de la domination masculine, nous pouvons observer, critiquer, analyser ses effets sur les femmes.
Dans le cas contraire, comment voulez-vous détruire le système si vous ne considérez pas ses effets sur ses premières victimes : les femmes ? Examiner ce qu’une femme « est » au sein du système patriarcal permet d’analyser le processus de la domination masculine, pour mieux l’évincer.
Ce type d’ incompréhension conduit à cette critique, émise par Judith Butler en l’occurrence : « The identity of the feminist subject ought not to be the foundation of feminist politics, if the formation of the subject takes place within a field of power regularly buried through the assertion of that foundation ». On peut émettre plusieurs remarques à cette citation.
La première, Butler pose d’emblée le féminisme en termes d’identité, et non en termes politiques. Puis, notez le déterminisme social : les femmes ne peuvent se reconnaître dans le féminisme sous prétexte qu’il refuse les relations de pouvoir, or les femmes sont déjà constituées au sein de ces rapports de pouvoir.
Il est alors impossible de résister et de refuser la déshumanisation des femmes qu’implique le système phallocrate, sous prétexte qu’une telle tentative serait d’une part essentialisante, et que de toute façon, c’est impossible puisque nous sommes des êtres sociaux. La construction sociale des individu-e-s devient ontologique. On passe du déterminisme naturel, à un déterminisme social.
Voilà une différence majeure avec le féminisme radical : il existe une détermination sociale, qui en aucun cas n’implique le déterminisme. Mais reconnaître cette détermination, c’est se donner les moyens de lutter. Notez que les théories Queers balancent à tout va le concept de liberté, mais la seule qu’elles accordent, est celle d’accepter la subordination, sous prétexte qu’elle fasse partie intégrante de notre construction sociale. Pas étonnant que les études du genre aient un tel succès en France et ailleurs : le statu quo est bien chouchouté.
Mais ceci n’est pas lié au hasard. L’objectif n’est précisément pas politique.
Les théories Queers veulent créer un espace théorique à partir de certaines théories féministes pour les « mal-genrés » selon les normes patriarcales. Les formes que peut prendre le genre, voilà pourquoi les catégories politiques femme et homme sont rejetés. Voici ce que dis Denise Thompson en s’appuyant également sur les traveaux de Judith Butler[5] : « Garder le mot ‘sexe’ et rejeter le ‘genre’ ne conviendrait pas à son objectif consistant à ouvrir un espace théorique au sein de ce qu’elle considère être le féminisme, pour ces personnes genrées de manière ‘incohérente’, ‘discontinue’ ».[6] Savoir comment le « sexe » est politiquement construit est le cadet des soucis de Butler et de toutes les théories Queers.
Et je rappelle, comme les relations de pouvoirs sont inévitables, la seule solution politique proposée est « les possibilités de faire le ‘genre’ [qui] répète et déplace à travers des hyperboles, des dissonances (…) les constructions qui en sont à l’origine même » (Judith Butler)[7] . En d’autres termes, la subversion, le recyclage des déchets patriarcaux est l’option proposée aux femmes.
On comprendra mieux l’attaque des activistes transexuel-l-es, avec leur ‘cis woman’, des femmes nées femmes privilégiées car… femmes. En effet, puisque nous avons expliqué que la catégorie femme est laissée entre les mains des phallocrates et qu’ainsi on abandonnait tout possibilité d’analyser les mécanismes de la domination masculine, puis que la subversion est la solution aux catégories genrées traditionnelles, les femmes sont alors responsables de la perduration de la binarité des genres, et seraient privilégiées car « bien genrées ». Or, le genre féminin marque la subordination des femmes, ceci est occulté puisque l’identité prime, « faire le genre » est la priorité.
Ainsi nous pouvons affirmer avec Denise Thompson que : « la distinction [sexe/genre] reste une solution idéaliste, c’est-à-dire qu’elle est une distinction intellectuelle, sans impact sur les relations sociales, réelles de la suprématie masculine. ».
Les relations de domination sont occultées pour éviter de dépeindre les femmes comme des victimes, mais ça ne les rendra pas moins victimes ! Nommer, analyser, attaquer ce qui nous opprime nous donne toutes les chances pour changer les choses. Ignorer la suprématie masculine ne rendra pas les femmes libres, au contraire.
Le genre requiert de fait, individualisme pour aller au bout de sa logique.
La domination masculine étant ignorée, et la subversion recommandée, chaque individu recycle à sa guise les normes phallocrates. Mais ceci a un aspect non évident et souvent occulté.
Résignation oblige, parler d’éradiquer la suprématie masculine dans toutes ses formes est perçue comme impossible, puisqu’incarnée par les individu-e-s, cela reviendrait à les exterminer.
D’une part, les Queers affirment que les individus ne sont pas socialement construits dès lors qu’ils sont rejetés par la société : les pédophiles, violeurs, … ne peuvent pas être le fruit de la suprématie masculine. Une fois qu’ils sont reconnus par celle-ci, « ils doivent pouvoir exercer leur droits individuels et leur liberté en paix et en privé » (Gayle Rubin). On place donc des caractères phallocrates et meurtriers comme intrinsèques à l’individu, le droit du plus fort est justifié sous couvert de liberté, de désir, d’hétéronomie inévitable finalement. D’ailleurs, Gayle Rubin parle de « fétichistes », de « pédophiles », et non pas de « fétichisme », de « pédophilie », pour éviter de prendre ces individus comme s’inscrivant dans un processus social: « Above all, the ideology of individualism must disguise the actual relations of ruling, and it does that by locating all agency within the domain of an atomized individual radically independant of others, and existing prior to any form of social interaction » (Denise Thompson).
De la même manière, les Queers ne parleront jamais de violences phallocrates, d’harcèlement sexuel : c’est normal ! Un « choix », de qui et par qui reste un mystère, mais enfin, pas de quoi s’alarmer.
S’il existe un paradoxe flagrant : nous sommes des êtres soumis à un déterminisme social, mais on ne peut l’être si la société ne nous reconnaît pas , notre essence n’est pas social mais naturel , propre à chacun-e ; toujours est-il que les relations de pouvoir sont admises et acceptées : « …because a certain narcissism takes hold of any term that confers existence, I am held to embrace the terms that injure me because they constitute me socially » ( Judith Butler), la domination constitue notre être, notre déshumanisation fait partie de nous-même. Et si une oppression est désirée, on ne peut lutter.
Comme tout est individualisé, qu’il n’existe aucun système de domination, s’en prendre à la suprématie masculine revient à s’en prendre aux personnes : « Si seuls les individus existent, la critique politique peut seulement être reçue comme une insulte personnelle ou une annihilation de la personne, et le désaccord devient une affirmation du « moi » contre un environnement menaçant et hostile »[8].
De plus, dans le but d’affirmer cette liberté dans la subordination, nous devons embrasser les valeurs phallocrates. En effet, les hommes étant symbole de la liberté, référents suprême, adopter leur code est censé être libérateur. Voilà le discours des « pro sex » : la sexualité féminine a été réprimée, elles doivent s’affirmer grâce à la sexualité phallique (les groupes pro-culs ne l’expriment pas comme ceci bien sûr) , c’est leur « choix », ce sont des individu-e-s, et elles sont opprimées, uniquement si elles se sentent opprimées : « Là où le féminisme critique les façons dont les femmes ont été socialement déterminées dans le but de changer cette détermination, le libéralisme est volontariste, c’est-à-dire qu’il agit comme si nous avions le choix, ce que nous n’avons pas » (Catharine Mackinnon, in Liberalism and the death of feminism), et la domination est réduit à un point de vue, c’est dans la tête.
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J’ai exposé et synthétisé dans cet article tout ce qu’implique le genre. Des conséquences qui sont trop peu examinées et exposées. Le genre est définit tantôt comme quelque chose d’inoffensif : « sexe social », tantôt comme quelque chose justifiant les pires positions antiféministes. Les deux sont en fait liés, et le premier cas révèle une aberration totale, il est inutile.
Je le dis clairement, il est plus qu’important d’abandonner ce concept. Il est dangereux car il s’inscrit dans une idéologie libérale phallocrate qui fait passer l’oppression des femmes par les hommes comme normal, ou inexistante. Les théories Queers, postmodernes n’ont rien de révolutionnaires, et j’ajouterai, sont à peine subversives ! Ces théories sont clairement antiféministes : quelle sorte de théorie féministe nous dirait de nous soumettre pour affirmer notre liberté !
Et c’est bien le problème, les théories Queer ne sont que des théories : « Sans théorie, l’expérience est au mieux une tentative de s’en sortir avec les moyens du bord, au pire, un renforcement et une complicité au système dominant, mais sans l’expérience, la théorie devient un mystère ésotérique, un jeu pour des universitaires troglodytes » (Denise Thompson).[9]
Le féminisme est vital, une question de vie ou de mort pour les femmes. Réfléchissons, agissons contre la suprématie masculine, le légitimer en l’ignorant ne nous conduira à rien.
Les Queers étant fort bien lotis dans leur statut social, changer les choses leur importe peu, leur relativisme sert à maintenir leurs intérêts et celui des dominants, en faisant passer ces intérêts dans l’intérêt de toutes. Ils ne sont pas les alliés des femmes.
Le genre est simplement le tombeau des femmes : inexistantes, écrasées, dominées, il légitime la domination masculine en la passant sous silence.
© Women’s liberation without borders 2012
[1] Cf « Nancy Huston ou l’art et la manière de corroborer les gender-dévôts »
[2]« An ideology of desire is also an ideology of individualism. If the interests of the ruling class are to be presented as the interests of all, their systemic nature as domination must be disguised », In Radical Feminism Today, p 43.
[3]« Using a different word, ‘gender’, for the social construct, implies that sex is something other than social construct », In Radical Feminism Today, p 76
[4] « While mothering by women is a necessary prerequisite for the maintenance of the social relationships of male supremacy, that is not because it causes those social relationships, but because mothering by women is what is required if men are to continue to feel justified in demanding of women selfless devotion to male interests, needs, projects and desires, and if women are to continue to acquiesce in those requirements », Idem, p 85
[5] J’ai volontairement utilisé ses ouvrages pour illustrer mes propos, au vue de son statut de révolutionnaire ‘genriste’ qu’elle peut avoir en France notamment, lorsqu’aucune alternative n’est envisagée.
[6] “ Retaining ‘sex’ and rejecting ‘gender ‘ would not fit in her purpose, which is to open up a theorical space within what she sees as féminism, for those ‘incoherent’ or ‘ discontinuous’ gendered beings (…)” In Radical Feminism Today, p76
[7] « … possibilities of doing gender [which] repeats and displaces through hyperbole, dissonance, (…) the very constructs by which they are mobilized » , in Gender Trouble.
[8]« If only individuals exist, political critique can only be seen as personal insult or annihilation of the self, and disagreement becomes assertion of the self against threatening and hostile others », in Radical feminism today, p44
[9]« Without theory, experience is at best a blind groping in the dark, at worst a reinforcement of and collusion with the status quo ; but without experience, theory becomes an esoteric mystery, a game for academic troglodytes », Idem, p49.